De la médiocrité planifiée en santé, Dr. Louis-Marie Simard, l’Acadie-Nouvelle, le 31 décembre 2018 (lettre ouverte au Ministre de la Santé)
La politisation et la centralisation (bureaucratisation) progressive du système de santé mise en place au N.-B. au cours des 30 dernières années ont eues pour résultats que les patients soient devenus des numéros, des diagnostics ou des statistiques pour les bureaucrates. (…) La médiocrité administrative est la règle et la non-performance récompensée: moins on traite de patients mieux le budget se porte. Il y a quelques semaines, un représentant de Medavie expliquait à Radio-Canada que les dirigeants attendaient la mise en place du nouveau gouvernement avant de prendre une décision sur les délais de réponses aux appels 911 pour les ambulances de Saint-Quentin. Est-ce normal qu’une compagnie privée, grassement rémunérée, en principe responsable du dossier des ambulances, qui se vante d’avoir une expertise exceptionnelle dans le domaine des ambulances, doive attendre le choix du nouveau premier ministre pour prendre une décision technique?
Deux classes de citoyens, François Gravel, l’Acadie-Nouvelle, le 20 décembre 2018 (éditorial)
Il y a désormais deux classes de citoyens. Les Néo-Brunswickois anglophones, qui peuvent être soignés dans leur langue par un travailleur paramédical partout dans la province, et les Néo-Brunswikois francophones, à qui on vient d’enlever ce droit dans certaines régions sans sourciller. Les Acadiens ont l’habitude de voir des politiciens ou des partis comme le Confederation of Regions ou le People’s Alliance mener une lutte sans merci à leurs droits linguistiques. Nous avons aussi eu en poste à Fredericton d’innombrables gouvernements qui se sont traîné les pieds, qui ont ignoré la loi ou qui ont respecté leurs obligations seulement après s’être fait rappeler à l’ordre par les tribunaux. Mais ce que le gouvernement provincial a décrété, mardi, est d’un tout autre niveau.
Décentralison les Jeux, Roger Doucet, Benoît Duguay, Daniel LeBlanc, l’Acadie-Nouvelle, le 18 décembre 2018 (lettre ouverte au premier ministre du Nouveau-Brunswick)
La suggestion voulant que le Nouveau-Brunswick renonce à organiser les Jeux de la Francophonie 2021 pourrait être lourde de conséquence pour notre province, l’Acadie et le Canada. Permettez-nous de vous énumérer ici quelques raisons et de vous proposer une solution de rechange. (…) Les opportunités d’affaires et de coopération, ainsi que le rayonnement du Nouveau-Brunswick sur la scène nationale et internationale, doivent être au premier plan des considérations. Notre province, comme toutes les autres, a connu dans son passé des épreuves budgétaires difficiles (les projets Coleson Cove ou Pointe-Lepreau, par exemple). Ces investissements beaucoup plus risqués et lourds de conséquences ont quand même été menés à termes.
Blaine Higgs n’écarte pas l’annulation des Jeux de la Francophonie 2021, Simon Delattre, l’Acadie Nouvelle, le 14 décembre 2018 (article)
Le sort des Jeux de la Francophonie 2021 est plus incertain que jamais. Le gouvernement provincial évoque désormais la possibilité de laisser tomber l’événement. Selon des informations obtenues par Radio-Canada, la firme MNP retenue par Ottawa pour analyser le plan d’affaires a conclu que 115,3 millions $ seraient nécessaires pour tenir des Jeux de l’envergure souhaitée par le Comité. D’autres scénarios per mettraient de réduire la facture jusqu’à 72 336 826$ à condition d’abandonner certains projets et peut-être même certaines disciplines sportives. Ce rapport qualifie le travail mené par le comité de «solide et précis», tout en jugeant «significativement sous-estimé» le budget initial de 19,5 millions $ présenté en 2015.
Trudeau ignore la demande des Acadiens de la Nouvelle-Écosse, Benjamin Vachet, #ONfr, le 13 décembre 2018 (article)
«Il est quand même ironique qu’au moment où nous nous battons pour obtenir une représentation effective des Acadiens à l’Assemblée législative provinciale [la FANE réclame le retour des circonscriptions acadiennes protégées au niveau provincial], nous ne l’ayons pas à la plus haute Chambre de notre pays», constate la directrice générale de la FANE, Marie-Claude Rioux. «Une des responsabilités du Sénat, c’est la défense des minorités de langue officielle en situation minoritaire. Les Franco-Manitobains, les Franco-Albertains, les Franco-Ontariens ont des représentants au Sénat. Nous, nous n’avons personnes pour nous représenter, personne qui connait notre réalité et nos besoins. On ne peut pas demander aux sénateurs anglophones de Nouvelle-Écosse d’avoir une identité qu’ils n’ont pas.»
Blaine Higgs, tel que promis, François Gravel, l’Acadie-Nouvelle, le 13 décembre 2018 (éditorial)
Quand un gouvernement de droite se met en tête d’équilibrer le budget et de réduire ses dépenses, les régions les plus vulnérables et les plus dépendantes sont celles qui sont touchées le plus durement. Au Nouveau-Brunswick, elles sont presque toutes situées dans le nord et dans l’est de la province. Ce sont ces régions qui subissent le plus de contrecoups quand il y a des coupes en santé, en éducation et dans les infrastructures. Ce sera aussi le cas quand surviendront les inévitables compressions à venir dans les programmes sociaux.
Lettre ouverte au premier ministre Justin Trudeau, Robert Melanson, président de la SANB, le 6 décembre 2018 (lettre)
Comme vous le savez bien, le Canada est une fédération de provinces, chacune avec ses spécificités et ses traits particuliers. Les liens qui nous unissent sont parfois difficiles à cerner et trop souvent fragiles. Cela dit, une des forces qui unit nos différentes régions a toujours été la présence de la langue française, et ce A Mari Usque Ad Mare. Cette langue qui nous unit fait en sorte que les affronts vécus en Ontario sont indissociables des luttes que nous vivons actuellement au Nouveau-Brunswick, en Acadie et en toute autre région où les forces du populisme voudraient voir reculer les acquis de nos communautés. Si l’on commence à tirer sur ce fil qui nous unit, il est impossible de prédire les conséquences qui pourraient s’en suivre.
Fermeture de GM en Ontario : un air de déjà-vu au nord du N.-B., Jean-François Boivert, l’Acadie-Nouvelle, le 3 décembre 2018 (article)
Difficile de tracer des parallèles entre les deux situations. «On doit mettre les choses en perspective. On parle d’une ville d’environ 140 000 personnes qui perd 2500 bons emplois versus une ville d’environ 5000 personnes (à l’époque) qui a perdu en l’espace de quelques années plus de 600 emplois (Abitibi Bowater, Olin et Énergie NB). Je ne dis pas qu’on ne le ressentira pas en Ontario, ça va faire mal. Mais dans le Restigouche, ça fait encore mal aujourd’hui», exprime l’ancien député de Campbellton-Dalhousie, Donald Arseneault qui a vécu cette crise de plein fouet. (…) «Aujourd’hui, Oshawa est sur toutes les lèvres à Ottawa. C’est certain qu’une région comme celle-ci en Ontario a un poids démographique et politique plus important. Ainsi, quand des choses comme ça surviennent, c’est plus facile pour eux d’obtenir de l’attention», ajoute-t-il.
Un projet réalisable, Daniel LeBlanc, administrateur de l’ANA, l’Acadie-Nouvelle, le 28 novembre 2018 (opinion)
Texte de 1000 mots sur le projet de l’Assemblée nationale de l’Acadie.
Misons sur les minorités, Peter Manson, enseignant – Fredericton, l’Acadie-Nouvelle, le 25 novembre 2018 (opinion)
Or, si la capitale provinciale est dotée d’un réseau si complet, pourquoi peine-ton, dans certains cas, à franciser les élèves qui fréquentent ces établissements? Examinons quelques facteurs influents, à commencer par les jeunes eux-mêmes. L’adolescence est une étape de la vie pour le moins mouvementée. L’ado qui se soucie de ce que pensent les autres de lui, c’est tout à fait normal. Toutefois, cette hyperconscience influence souvent ses choix linguistiques. Par exemple, étant donné que de nombreux élèves en milieu minoritaire proviennent de familles exogames, la langue anglaise constitue, pour eux, une langue importante et facile d’accès; cette langue représente un outil branché dont ils se servent pour s’exprimer et même façonner une grande partie de leur identité personnelle. Qu’en est-il du français alors? Si ces élèves sont issus de familles exogames dont un des deux parents est francophone, n’ont-ils donc pas une bonne maîtrise du français? Oui, souvent, ils manient bien le français aussi, mais celui-ci demeure quand même une langue seconde, ou une langue utilisée voire reléguée à l’école. (…)
Même si l’on hisse le drapeau acadien devant les écoles françaises à Fredericton et à Saint-Jean, ça ne signifie pas pour autant que les élèves de ces écoles s’y identifient. En fait, le sentiment d’appartenance à l’Acadie en milieu majoritairement anglophone demeure très flou.
Le CERMF salue le lancement du projet d’une Assemblée nationale de l’Acadie, Ilyes Zouari, CERMF, le 22 novembre 2018 (communiqué)
Le CERMF rappelle d’ailleurs l’importance de cette initiative, à laquelle sont notamment appelées à participer différentes personnalités acadiennes de la société civile et de la classe politique, dans un contexte fort difficile pour la francophonie canadienne hors Québec (contrairement aux déclarations, évidemment politiques, émises au niveau fédéral ou par certains milieux fédéralistes). Un contexte que l’on retrouve également en Acadie du Nouveau-Brunswick, seule partie du Canada à compter encore de nombreux territoires très majoritairement francophones et ayant donc le potentiel de le demeurer sur le long terme.
Pour une solidarité francophone, François Paradis, La Presse, 20 novembre 2018 (éditorial)
Un certain malaise existe entre le Québec et les francophones du reste du Canada, pour toutes sortes de raisons. Une certaine indifférence aussi, avouons-le. L’histoire et la politique ont en effet éloigné des gens qui devraient pourtant faire preuve de la plus grande solidarité afin de défendre, ensemble, une langue dont ils sont pratiquement les seuls locuteurs sur le continent. Au moment où les institutions francophones sont attaquées en Ontario et menacées au Nouveau-Brunswick, n’est-il pas temps pour le Québec de se porter plus activement à la défense des Canadiens avec qui ils partagent une langue?
Franco-Ontariens: on s’en balance, Bryan Myles, Le Devoir, 17 novembre 2018 (éditorial)
Le fait français vient de subir un recul marqué non seulement en Ontario, mais aussi au Canada à la suite de la décision de Doug Ford de rogner dans les services en français. Le premier ministre de l’Ontario a sacrifié les francophones dans le cadre de la présentation de la mise à jour économique. Il a tué dans l’oeuf le projet de création d’une Université de l’Ontario français, en plus d’abolir le Commissariat aux services en français sans prévenir personne, pas même le titulaire du poste, François Boileau. Le prétexte est d’une ridicule fumisterie. … Le Canada bilingue respectueux des droits des minorités linguistiques est un projet asymétrique. Au Québec, la minorité anglophone a pu asseoir sa pérennité, non sans peine par moments, en s’appuyant sur des institutions stables (écoles, hôpitaux, commissions scolaires). Pour les francophones hors Québec, il y aura toujours des hôpitaux Montfort à protéger, des universités mort-nées à pleurer. Des deuils à faire sur l’érosion des institutions publiques sans lesquelles l’essor et la survie du fait français hors Québec seront compromis.
Les sorcières imaginaires, Rino Morin-Rossignol, l’Acadie-Nouvelle, 31 octobre 2018 (chronique)
Selon Statistiques Canada (2011), à l’extérieur du Québec « environ 50% des enfants dont au moins un parent a le français comme langue maternelle se sont vu transmettre l’anglais comme langue maternelle ». Une solution: ÉDUCATION! Éducation SOUTENUE en français des parents à leurs enfants. Éducation scolaire SOLIDE en français. Éducation supérieure EXIGEANTE en français. On entend souvent dire qu’il faut transmettre la fierté de la culture acadienne aux enfants. Commençons par leur inculquer une connaissance fertile de la langue française, leur langue, et la fierté suivra d’elle même. À quoi sert d’être fier de sa culture quand on hésite à le dire dans sa langue?
Colère francophone hors Québec, Denise Bombardier, Le Journal de Montréal, 26 octobre 2018 (chronique)
Sans l’émergence du nationalisme revendicateur du Québec, la décision du gouvernement de PE Trudeau de faire voter en 1969 la Loi sur les langues officielles n’aurait jamais été prise. Mais cette loi ne permet pas de vivre en français. Elle n’offre que des services en français dans les institutions fédérales. Et certaines communautés ruent dans les brancards. Les Ukrainiens, ignorant l’histoire du Canada, comprennent mal pourquoi les francophones possèdent un « privilège » attaché à leur langue. À Richmond, en Colombie-Britannique, c’est le chinois qui s’affiche à côté de l’anglais dans plusieurs quartiers. Et l’affichage uniquement en chinois est répandu. Affirmer comme je l’ai fait que le français perd du terrain au Canada est un simple constat, ni un souhait, et aucunement une insulte. Faut-il rappeler aussi que le pouvoir des francophones diminue et que Montréal n’est plus une ville majoritairement francophone ?
La SANB écartée de la délégation néo-brunswickoise, Mathieu Roy-Comeau, l’Acadie-Nouvelle, 10 octobre 2018 (article)
Brian Gallant et Francine Landry ne seront pas les seuls absents au Sommet de la Francophonie à Erevan. Le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Robert Melanson, affirme que son organisme a été écarté de la délégation néo brunswickoise. «Je suis vraiment, vraiment surpris parce que de facto la SANB a toujours été partie prenante. La SANB est le seul organisme qui est le porte-parole officiel des Acadiens du Nouveau-Brunswick», dit-il. Selon la liste des membres de la délégation néo-brunswickoise envoyée au journal par le gouvernement, la société civile acadienne ne sera pas complètement absente de l’événement. La présidente du Conseil économique du Nouveau-Brunswick, Marie Chamberland, et le président de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick, Émile Couturier, seront du voyage. «Je trouve que ces choix-là sont très arbitraires. Je trouve ça scandalisant. Qui parle au nom des Acadiens du Nouveau-Brunswick? J’aimerais ça que l’on me réponde à cette question-là.»
Lettre aux chefs des partis politiques, Lucie Le Bouthiller, l’Acadie-Nouvelle, 18 septembre 2018 (opinion)
Les communautés rurales du Nouveau-Brunswick sont en train de perdre leur église patrimoniale qui est souvent le seul monument historique qui leur reste, témoin visuel des valeurs, du courage et du savoir faire de nos ancêtres. Est-ce que votre parti politique s’engage à mettre en place un programme d’appui financier pour sauvegarder les églises patrimoniales du N.-B., comme c’est le cas au Québec, s’il remporte la victoire le 24 septembre? Vous êtes certainement au courant que la Coalition Avenir Québec (CAQ) s’est engagée d’investir 20 millions $ de plus dans le programme de soutien financier de 135 millions $, depuis 1995, pour sauver les églises patrimoniales du Québec. Ce qui, en plus, a suscité un investissement de 65 millions $ du secteur privé.
L’élection dans le Restigouche-Ouest, Jean-François Boisvert, l’Acadie-Nouvelle, 18 septembre 2018 (article)
Si la circonscription est réputée comme étant rouge à l’est et bleu à l’ouest, le candidat du Parti vert, Charles Thériault, promet de mêler les couleurs. S’il concède que les services constituent un enjeu majeur, il précise que les besoins sont différents selon le secteur dans lequel on se trouve. « Si je vais à Saint-Arthur par exemple, ce dont j’entends parler surtout c’est la gestion de la forêt, sur le fait qu’on a une ressource naturelle exceptionnelle dans notre cours et qu’on ne parvient pas à en bénéficier en terme d’emplois. » Un peu plus à l’est, c’est l’emploi, la décroissance démographique et l’appauvrissement de la région qui ressort davantage à ses yeux. Mais une chose revient sans cesse partout sur le territoire: « Les gens se sentent délaissés, abandonnés par leur gouvernement. Ils sentent avec raison que rien n’est fait pour retenir les gens en région. »
Le bilinguisme économique, un atout majeur étonnamment décrié, Marie Chamberland, présidente du Conseil économique du N.-B., l’Acadie-Nouvelle, le 17 septembre 2018 (chronique)
Ce débat (sur les ‘coûts’ du bilinguisme) laisse toutefois de côté un atout majeur que seule la province du Nouveau-Brunswick détient à l’échelle canadienne, soit son «bilinguisme économique». Une main-d’oeuvre bilingue est la raison pour laquelle le Nouveau-Brunswick a attiré de grandes entreprises reconnues comme le Centre d’opération financière de TD à Dieppe qui créera jusqu’à 440 emplois. Le fait de pouvoir offrir un service en français permet d’attirer les touristes québécois, francophones ou francophiles. Le fait d’avoir des institutions post secondaires francophones attire des étudiants en provenance des autres provinces ou d’autres pays. Dans un contexte de décroissance démographique et d’un besoin constant de main-d’oeuvre qualifiée, ce n’est pas négligeable pour notre croissance d’avoir accès à un bassin de diplômés francophones sortant de nos institutions post secondaires.
La langue française veut de l’air!, Rino Morin Rossignol, l’Acadie-Nouvelle, 12 septembre 2018 (chronique)
L’histoire de l’Acadie brunswickoise est l’histoire d’une bataille qui n’en finit plus de miner l’âme d’un peuple farouchement résolu à ne pas mourir la langue coupée. Alors, il est odieux d’exiger ENCORE des francophones de ce coin de pays qu’ils fassent les frais de l’inconscience de députés – présents ou futurs – qui n’en ont que pour les «vraies» affaires, qui radotent que des miettes de pouvoir «c’est mieux que rien», qui trouvent normal que leurs compatriotes électeurs francophones soient encore, en 2018, obligés de s’humilier à quémander des services dans leur langue et le respect de droits qui sont reconnus par leur propre Assemblée législative et par la Constitution canadienne!
Un vote francophone captif?, Roger Ouellette, l’Acadie-Nouvelle, 5 septembre 2018 (chronique)
Brian Gallant aurait-il oublié que c’est le vote francophone qui lui a permis de devenir premier ministre du Nouveau-Brunswick en 2014? En remportant la victoire dans 15 des 16 circonscriptions majoritairement francophones, le Parti libéral a pu prendre le pouvoir avec une petite majorité de quelques sièges. Où était-il quand la commissaire aux langues officielles a été prise à partie par ses détracteurs parce qu’elle accomplissait tout simplement son mandat conféré par la loi? Lorsque la commissaire a recommandé que les hauts fonctionnaires puissent lors de leur embauche maîtriser les deux langues officielles, le gouvernement Gallant a accueilli cette recommandation par un non ferme et catégorique. Nous savons très bien que la fonction publique centrale à Fredericton travaille essentiellement en anglais.
Débat des chefs, mission impossible?, Michel Doucet, l’Acadie-Nouvelle, 30 août 2018 (opinion)
Quoi qu’il en soit, plus de 50 ans après l’adoption de la première Loi sur les langues officielles, les citoyens et citoyennes francophones de la province auraient été en droit de s’attendre que les aspirants au poste de premier ministre soient capables de communiquer avec les deux communautés de langue officielle dans leur langue. Toute cette affaire m’apporte à me demander si l’égalité des langues officielles dans la seule province officiellement bilingue n’est pas qu’une simple chimère. Si la langue de la minorité francophone n’est pas tout simplement une langue qu’on accommode au besoin et que parfois on oublie tout simplement? Comment pouvons-nous justifier qu’en 2018, nous en soyons rendus là? Il faut se rappeler que des droits qui ne sont pas respectés finissent par être oubliés et en matière linguistique, ce la veut dire qu’on finit aussi par oublier la communauté qui était protégée par ces droits.
Le désamour de la langue française, Denise Bombardier, Le Journal de Montréal, 25 août 2018 (chronique)
La défense du français au Québec n’est plus un objectif pour les partis politiques. Sauf pour le PQ. Force est de constater que les autres partis politiques préfèrent mettre de l’avant l’économie, la santé, les infrastructures, l’environnement, comme si la politique de la langue était chose du passé. Mais qu’en est-il du lien affectif avec la langue, tel qu’exprimé par nos poètes qui, dans le passé, l’ont chantée magnifiquement? Que penser de l’échec de l’école à transmettre aux jeunes les compétences requises pour écrire correctement? Notre situation de minorité linguistique en Amérique du Nord devrait obliger toute la classe politique à se préoccuper du problème aigu de la qualité du français parlé et écrit. Nous sommes, au Québec, l’un des rares endroits au monde où ceux qui s’expriment correctement sont encore taxés de snobisme et font rire d’eux.
La décentralisation, la réponse au bilan des langues officielles?, Roger Ouellette, l’Acadie-Nouvelle, 9 août 2018 (opinion)
Quelle serait la réponse à ce bilan peu reluisant des langues officielles dans la province? Brunswick News publiait dans plusieurs de ses journaux dont le Telegraph Journal un éditorial sur la division entre les anglophones et les francophones, et avançait l’idée qu’une décentralisation pourrait calmer les tensions linguistiques dans la province. Revenant sur l’adoption du programme Chances égales pour tous de 1967 qui avait conduit à la centralisation de l’appareil administratif provincial, le journal croit qu’il est nécessaire de réimaginer comment la province pourrait être organisée afin de rendre plus logique la politique linguistique. Un coup d’oeil sur les administrations publiques à travers le monde nous permet de constater que beaucoup de pays de démocraties libérales ont opté pour des modèles de gouvernance décentralisée où les administrations locales sont au coeur de l’offre de service à la population. C’est le cas notamment en Suède où 80% des fonctionnaires sont déployés en région soient dans les comtés et les municipalités du pays.
Qu’en est-il du pouvoir en Acadie?, Marie Toulgoat, l’Acadie-Nouvelle, 29 mars 2018 (article)
Léon Thériault, professeur d’histoire pendant près de 40 ans à l’Université de Moncton, relatait dans son essai en 1982 ses grandes ambitions pour le peuple acadien et son rêve de province. Trente-cinq ans plus tard, cependant, les choses ne semblent pas avoir évolué. « Ça prend de l’autonomie pour s’intéresser à autre chose, pour penser à autre chose [qu’au nationalisme]. Au nom de la diversité, de la liberté d’être soi-même, il faut que le groupe soit une consistance en dehors de la revendication », explique en effet Joel Belliveau, professeur d’histoire à l’Université laurentienne, invité à la table ronde. « Pourquoi un territoire? Pour ne pas être réduit à une communauté linguistique, premièrement, pour ne pas être réduit à une minorité, deuxièmement, et pour permettre à l’Acadie de s’exprimer dans sa diversité», a ajouté Mathieu Wade, diplômé d’un doctorat de sociologie de l’Université de Moncton.