« Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » est largement reconnu, mais il n’est pas simple à réaliser. Parlez-en aux souverainistes québécois!
En imaginant le projet d’une Assemblée nationale de l’Acadie, les instigateurs nous invitent à réfléchir aux outils que s’est donnés le peuple acadien pour gouverner ses affaires. Ils croient surtout que nous pouvons faire mieux. Ayant participé à la politique provinciale, au gouvernement municipal et au monde associatif, j’ai pu très souvent constater les limites de notre « pouvoir ».
La réalité politique de notre histoire a fait que la majorité des décisions qui nous concernent ne nous appartiennent pas. La dualité, le principe d’égalité et la pleine municipalisation sont des concepts importants, mais ils ont des limites. Je veux donc applaudir les efforts qui sont, encore une autre fois, amorcés pour trouver un modèle de gouvernance de l’Acadie qui répond au désir du peuple acadien d’être reconnu comme tel. La route risque d’être longue, cahoteuse et peut-être même périlleuse, mais le voyage devrait être entrepris, parce que le statu quo est l’option du recul. Je suis convaincu que nous pouvons et que nous devons faire mieux.
Bernard Richard, avocat, Secrétaire général de la Société nationale de l’Acadie (1980-1984), lauréat de la Médaille Léger-Comeau (1985), député (1991- 2003) et Ministre du Gouvernement du Nouveau-Brunswick (1995-1999), Ombudsman et Défenseur des enfants (2004-2011)
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Je suis heureuse de voir que des Acadiennes et des Acadiens ont le goût de se prendre en main. Je souhaite que l’énergie soit présente et leur permette d’aller de l’avant.
Sœur Auréa Cormier, n.d.s.c., militante pour la justice sociale, membre de l’ordre du Canada (1995), fondatrice du Centre de recherche sur les aliments et professeure retraitée de l’Université de Moncton
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Comme parents, grands-parents, ce que nous souhaitons le plus au monde c’est de préparer nos enfants à ce qu’ils deviennent autonomes, qu’ils aient confiance en eux-mêmes et qu’ils soient heureux. Pourquoi ne souhaiterions-nous pas la même chose au peuple acadien?
L’autonomie, c’est la maturité. Elle n’est pas nécessairement territoriale, comme c’est le cas de l’Acadie d’aujourd’hui, mais elle est fondamentale dans notre quête d’identité. Le peuple acadien a une contribution unique à faire à l’épanouissement de l’humanité et l’Assemblée Nationale de l’Acadie peut devenir un outil important dans cette quête.
Euclide Chiasson, bâtisseur communautaire, président de la Société nationale de l’Acadie (2000-2004), co-fondateur et premier chef du Parti acadien (1972-1975), ancien professeur de philosophie au Collège de Bathurst
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Le projet d’Assemblée nationale de l’Acadie s’inscrit dans une réflexion continue sur la place des Acadiens dans les provinces maritimes voire de l’Atlantique. La Société nationale de l’Acadie avait organisé en 1992 un Forum sur l’Acadie et l’intégration économique des provinces de l’Atlantique. Deux projets d’instances politiques avaient été évoqués à l’époque. Une Assemblée de la Communauté acadienne ou encore une Assemblée du peuple acadien. Après un quart de siècle, il est tout à fait pertinent de renouer avec ces réflexions.
Roger Ouellette, professeur de science politique à l’Université de Moncton, président de la Société nationale de l’Acadie (1991-1995), auteur et analyste politique.
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D’affirmer que nos ancêtres sont arrivés en Acadie avec le désir de créer une nation, voir un pays, serait spéculatif et historiquement faux. Par contre ces mêmes ancêtres, en quelques générations, participaient à la formation d’une société à leur image mais qui leur fut arrachée entre 1755 et 1763.
Comme nos ancêtres ne se reconnaissaient pas dans le projet de société de 1867, plusieurs d’entre eux avaient votés contre le pacte confédératif. Encore aujourd’hui les modèles existants de gouvernances ne sont pas à la hauteur de notre réel potentiel comme société et ne répondent pas pleinement à nos besoins.
Il est temps de démontrer notre maturité comme société en se dotant d’outils comme celui de l’Assemblée nationale de l’Acadie, car si le passé ne fut pas celui que nous aurions voulu, notre avenir nous appartient.
Michel J. C. Cyr, avocat, président de la Société nationale de l’Acadie (2004-2006), conseiller municipal de la Ville de Moncton (2001-2004)
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La proposition de créer une Assemblée nationale de l’Acadie est un projet audacieux. Tout y est : la gouvernance, la langue, l’économie, la santé, la culture, l’éducation, l’environnement, la démographie et la présence de l’Acadie à l’international.
Ça me rappelle les années 1970-1990, époque du Parti Acadien, du projet d’une province acadienne, de la Convention d’Orientation nationale acadienne, de L’Acayen, de la Revue acadienne d’analyse politique, de la restructuration de la SANB et de la SNA, du mouvement indépendantiste québécois, etc. À l’époque on appelait ça des « projets de société ».
Aujourd’hui, un nouveau nom lui est proposé : « l’autonomie régionale ». Ce très louable effort de réflexion pour relancer le débat sur la question nationale, il faut le prendre au sérieux. Les instigateurs du projet méritent nos félicitations.
Léon Thériault, historien engagé, professeur à la retraite de l’Université de Moncton, auteur de nombreuses études dont La question du pouvoir en Acadie (1982), ancien militant au sein du Parti Acadien
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L’initiative visant à créer une assemblée nationale acadienne arrive à point nommé. Les statu quo provinciaux et Atlantique en matière d’organisations et de pouvoir politico-économique ne sont plus suffisants pour assurer la pérennité et l’épanouissement du peuple acadien et des communautés acadiennes de l’Atlantique. Il faut que ça change, et ces changements doivent émaner de nos communautés elles-mêmes.
Pour procéder à de grands changements, ça implique au départ que l’on se dote de grandes idées. On doit par exemple bannir de notre vocabulaire les appellations de « minorités » ou de « communautés minoritaires » puisque nous sommes des communautés égalitaires en situation minoritaire. On doit surtout privilégier le concept d’égalitaire quand on traite avec l’autre communauté.
Je suis donc très sensible et favorable à l’initiative face à une éventuelle Assemblée nationale de l’Acadie. Je souhaite que l’on profitera des débats organisés dans le cadre du CMA 2019 pour semer des graines de changement. Nos statu quos nous tuent : il n’y a rien à perdre à scruter l’imaginaire!
Jean-Marie Nadeau, journaliste, auteur et patriote acadien, Secrétaire général de la SNA (1984-1989), président de la SANB (1993-94 et 2008-2013), membre de l’Ordre national du Mérite de France (2004), lauréat de la Médaille Léger-Comeau (2014) – version longue
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50 ans après l’adoption de la Loi sur les langues officielles, le moment est propice pour s’interroger collectivement sur l’avenir de l’Acadie. De grand progrès ont été accomplis en matière d’égalité, notamment au Nouveau-Brunswick. Il reste bien sûr du chemin à faire, mais il faut comprendre que l’aboutissement logique de l’égalité, c’est l’autonomie régionale. L’Acadie sera égale lorsqu’elle aura les moyens de prendre son destin en main.
Autant nous avons besoin d’organismes qui jouent le rôle de chien de garde de nos droits et nos acquis, il est nécessaire de penser au-delà, de proposer un projet d’autonomie régionale pour l’Acadie et la faire entrer de plain-pied dans les défis et les enjeux du 21e siècle.
Mathieu Wade, sociologue, chercheur à l’Institut d’études acadiennes et chargé de cours au département de sociologie de l’Université de Moncton.
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Une assemblée nationale de l’Acadie donnera une plus grande autonomie concernant les enjeux qui prendront une grande place et qui évolueront avec le temps.
Jean-Luc Bélanger, militant acadien surnommé le « père des Jeux de l’Acadie », décoré de l’Ordre du Canada (1992), lauréat de la Médaille Léger-Comeau (2002), co-président de la Commission consultative sur la gouvernance de la société civile acadienne (2005-2006), président et directeur-général de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick (2004-2018)
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Le CERMF souhaite un plein succès à la future Assemblée nationale de l’Acadie, dont l’une des premières missions sera de sensibiliser la population acadienne aux enjeux actuels et à la gravité de la situation présente, et ce, dans un paysage médiatique, y compris local, qui semble en être encore insuffisamment conscient. Une assemblée, financièrement dotée d’un fonds en cours de constitution, qui devra ensuite se pencher sur les voies les plus à même à assurer son avenir à l’Acadie. Un avenir qui, selon le CERMF, ne peut désormais être garanti que par un degré élevé d’auto-administration, et ce, dans un territoire aux délimitations clairement définies.
Le monde francophone a besoin d’une Acadie rayonnante, forte et prospère. Une Acadie qui fait honneur aux ancêtres du peuple acadien, à leur courage et aux lourds sacrifices qu’ils ont consenti.
Ilyes Zouari, spécialiste du monde francophone et conférencier, Président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone), ancien administrateur de l’Association Paris-Québec